jeudi 20 décembre 2012

Encoe 1000 milles nautiques

Le point de vue d'un équipier sur la journée d'hier: "je viens de finir mon quart, déprimant au possible! Un vent de 6 noeuds qui peine à gonfler un spi ballotant, un cap qui ne me rapproche pas de ma destination finale, et un nouveau fichier GRIB (gifle, raclée, indécence, baston) qui ne m'annonce plus des jours meilleurs! Comme disait ma grand-mère, il ne faut pas faire ce que l'on aime, il faut aimer ce que l'on fait. Dont acte! En tout cas, MN si tu me lis, je crois que pour la première fois, c'est moi qui vais être à la bourre!"
La préparation d'une bonne salade de pâtes vient relativiser tout ceci.

Au niveau de notre navigation, après la journée sous spi par petit temps, la bascule de vent annoncé par GRIB (Grain, Risée = Inversion de Barre) vers 22 heures, s'est produite avec 3 heures d'avance sous l'effet de gros nuages venant nous gifler de leurs gouttes et de leur vent. Tout l'équipage est sur le pont pour notre premier empannage sous spi depuis Diélette! Et oui, on innove tous les jours. Après cette manoeuvre, toujours délicate, parfaitement réussie, le vent continue de tourner et nous affalons avant la nuit. Sous trinquette au travers dans un premier temps, nous nous préparons à passer la nuit au près (en gros : bateau penché, instabilité...) et ceci certainement pour au minimum 24 heures (à confirmer par les prochains bulletins météo qui sont très changeants).
Nous avons profité du calme de l'après-midi sous le soleil pour nous reposer. Nous n'avons pas oublié de nous enduire de crème (merci Bernard) pour éviter les coups de soleil, ce dernier étant maintenant bien plus vif. Pendant que Patrick confectionne une nouvelle traîne ainsi qu'un nouveau leurre avec le reste de la ligne, Etienne et Gilles entreprennent la réparation du bidon de 4,7 litres (cf. billet précédent sur les transferts de flux) qui avait subi un mauvais traitement la nuit dernière, afin de le rendre de nouveau étanche. Après 2 tentatives (qui ont duré tout le temps du quart de barre d'Amélie...), nous pouvons de nouveau l'utiliser. L'après-midi s'est passé tranquillement. A noter que l'équipe Pascal/Etienne a perdu un partie à la belote contre l'équipe Gilles/Patrick G. et que malgré la nouvelle traîne réalisé par Patrick D. aucun poisson n'a été pris... Amélie a continué son apprentissage de la guitare en travaillant ses gammes et nous nous sommes tous retrouvés
autour d'un verre à l'apéro afin de profiter de la douceur et du calme de la fin de journée en prévision des deux jours suivants qui, selon les prévisions météo, risquent d'être moins agréables et ne nous permettront pas de profiter ainsi du pont et du carré.

Concernant le spi, voici quelques précisions suplémentaires, qui, sans rentrer trop dans le technique, doivent être attendues par nos partenaires ou concurrents de nos régates sur J80. Le spi (ou spinnaker) dont nous sommes équipés fait environ 200 m² soit près de 3 fois le spi du J80. Ce spi est rangé dans une grande chaussette qui permet de le garder non gonflé lors de l'envoi ou de l'affalage. Qui dit plus grand, dit plus compliqué et forcément plus risqué le maniement de ce grand morceau de toile légère. Certes, l'envoi, l'affalage et les manoeuvres ne se font pas dans les mêmes conditions: ici pas de précipitation! Nous prenons le temps de préparer chaque manoeuvre et de vérifier que chacun des intervenants présents pour celle-ci a bien connaissance de toutes les tâches à réaliser. S'il y a deux N°1 à bord (Pascal et Etienne), tout l'équipage n'est pas aussi familier avec cette voile. Malgré cette préparation préalable, nous enregistrons quelques disfonctionnements qui n
e manquent pas de nous rappeler de bons souvenirs et qui devraient faire sourire certains de nos lecteurs régatiers:
- Problèmes d'envoi: si l'envoi en tant que tel ne pose pas de problème grâce à la fameuse chaussette, celle-ci est un accessoire supplémentaire qui se gère au moyen d'un bout dont le rôle est de la faire monter (après le hissage) ou descendre (avant l'affalage). Ce bout a été à l'origine de quelques situations épineuses (noeud, bout emmêlé ou mal positionné...) nous amenant ainsi à devoir descendre le spi fraîchement hissé pour remettre les choses dans l'ordre, transformant ce qui devait être une manoeuvre bien rôdée et fluide en un véritable exercice physique appelé par Pascal "réveil musculaire" (parce qu'en général nous envoyons le spi au petit matin. Et tout comme pour la prise ou le renvoi de ris dans la GV, nous nous arrangeons pour que l'opération tombe à la prise de quart de Pascal! Il ne lui manque que l'envoi d'hier matin à son actif, nous le suspectons d'avoir fait la sourde oreille...).
- Cocotte: c'est le terme affectueux utilisé pour désigner la formation, par enroulement du spi autour de lui-même, d'un entortillage séparant une petite poche d'air dans la partie supérieure du spi d'une plus grande poche d'air dans la partie inférieure, faisant ressembler le spi à une poule. [L'écriture de cette phrase a fait l'objet d'un long débat au sein de l'équipage, montrant que le terme cocotte renvoie à différentes interprétations. Nous nous rendons donc compte que l'on ne sait pas exactement à quelle représentation le terme fait référence. Peut-être pourriez-vous éclairer notre lanterne?!]. Aussi étonnant que cela puisse paraître de faire une telle figure avec un spi de cette ampleur, cela est arrivé une fois! Gageons que cela ne se reproduise pas car entre affalage, démêlage et renvoi, c'est beaucoup de temps et d'énergie perdus!

A part cela, les manoeuvres deviennent de plus en plus fluides et les "non N°1" montent en compétence dans cette noble matière. Les affalages se déroulent aisément et le seul empanage que nous ayons eu à faire à ce jour fut un modèle de coordination et de maîtrise (en toute modestie).

Cette nuit, comme prévu nous avons fait une route au près. En revanche, nous avons eu des vents beaucoup plus forts qu'annoncés: en moyenne à 25 noeuds au lieu de 10 à 15. Sous un premier grain, le vent est monté à 30 noeuds. Ensuite, petite période de pétole au cours de laquelle le bateau, non manoeuvrant, a décidé de prendre le chemin du retour. Une différence notable de situation: la mer est plate et l'eau est chaude. C'est presque un plaisir de se faire rincer. Et puis, alors que le vent revenait à la normale vers 7h30, laissant penser à Amélie et Patrick D. que nous commencions peut-être à avoir du bol au niveau météo, le bateau se dirigeait droit vers un énorme nuage noir. Une fois dessous, la nuit noire est retombée d'un coup, mais le vent n'est pas vraiment monté tout de suite. C'est dans un deuxième temps que le vent est monté cette fois à 40 noeuds! Réveil plus tôt que prévu pour certains (indice : un nouveau réveil musculaire) afin de prendre 2 ris dans la grand vo
ile et finir la nuit sereinement.

Cette nuit, nous avons tout de même passé une barre symbolique pour notre moral: il reste moins de 1000 miles avant l'arrivée à St Martin (marina de Oyster Pound). Pour fêter l'événement, Etienne s'est proposé pour aller acheter des croissants à la boulangerie la plus proche.

10 commentaires:

  1. Que diriez vous de
    coquetier
    ou mieux encore pour l'imagerie :
    soutien-gorge

    c est plus facile à imaginer

    LP

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  2. C'est marrant je viens de tenter une recherche rapide sur internet de l'origine de l'expression "cocotter" (ou même "cocoter") un spi et bien ... rien, nada!
    Par contre et toujours sur internet on trouve plus facilement "cocotier" et un peu aussi coquetier". Mais rien sur l'origine.

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  3. Au vu leur trajectoire on observe 3 tentatives asser nettes de gagner directement New York. Il n'y a pas quelqu'un à bord qui avait prévu de passer les fêtes au US?

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  4. COMBIEN DE MILLES FONT ILS PAR JOURS?

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  5. Bonjour à tous,
    Depuis Madère, la moyenne est de 5.70 nd, avec plus de 1670 nm parcouru. On aurait pu attendre mieux... Et maintenant les vents sont de face, ce qui ne va pas arranger les choses. Faire une estimation d'arrivée est encore difficile, essayons: reste 906 nm à 5.7 de moyenne ça donne 6,6 jours. Pas sûr qu'ils tiennent cette moyenne avec cette remontée au près. Pour Noël c'est chaud, mais pour le réveillon du 31 c'est dans la poche.
    A+
    Hervé

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    1. Vous me faites peur là...vous pensez qu'ils seront arrivés le 28 pour prendre un avion ???

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  6. Bonjour à tous,

    Ça ne s'est pas arrangé. Vent de face à 20 nd avec houle de 2 à 3 m, c'est sportif et mouillé. La route rallonge de plus de 30% soit environ 1200nm mais un Anticyclone est proche et se décale vers l'Est. Les vents ne sont malheureusement pas très fort moins de 10 nd. C'est pas terrible.
    A+
    Hervé

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  7. C'est toujours un immense bonheur de vous lire chaque jour et j'attends avec impatience mon ptit carnet de bord quotidien !!

    Il semble que le vent vous donne bien du fil à retordre....elle est loin la traversée facile portée doucement par les Alisées...

    Je m'inquiète un tantinet pour votre date d'arrivée et me demande si Baizette aura son témoin pour son mariage le 31....;-)


    Gardez le cap les gars et la fille !

    Bises

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  8. Moi aussi, j'apprécie vos billets réguliers. En partance pour la montagne demain, je ne pourrai plus trop lire votre carnet de bord... J'espère qu'Eole va vite se montrer plus collaboratif.
    D'ici là, bon courage à tout l'équipage !

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