jeudi 27 décembre 2012

Arrivée 6h52 heure locale

Nous avons eu une journée hyper chaude, avec un vent forcissant doucement, nous permettant de faire de la route sous spi mais pas tout à fait sur le cap, à tel point que nous nous attendions à devoir empanner dans la nuit.
En fin de journée, la mer s'est formée, permettant de se faire plaisir avec les derniers surfs. Nous avons franchi la barre des 100 milles pile poil au moment de l'apéro! Sur cette bonne lancée, nous nous sommes tâtés "garder le spi ou pas cette nuit?". D'un côté, il y avait le souhait d'assurer l'arrivée à l'heure à Saint-Martin, de l'autre, un petit côté superstitieux (ou simplement raisonnable?) nous enjoignait de ne pas tenter le diable. Finalement, le vent forcissant et le ciel se couvrant largement de nuages, nous décidons d'affaler le spi et d'envoyer la trinquette. Le vent monte alors jusqu'à 21 noeuds dans les pointes entre 22h et minuit, et oh! la bonne surprise, adonne tellement qu'il nous remet sur le cap direct au travers / grand largue!! A minuit, il nous reste 80 milles à parcourir: l'indicateur fixé par Pascal est au vert, contrat rempli! En deuxième partie de nuit, le vent, tout en restant fort, a de nouveau refusé. Mais ce n'était pas plus mal, on aurait été
beaucoup trop en avance!

Après les dernières parties de belote endiablées par la verve de Gilles, les taquineries de Pascal, les facéties d'Etienne et le très appliqué Patrick G, on peut dire qu'un équilibrage du nombre de victoires s'est opéré, et que comme pour l'école des fans, tout le monde a gagné, surtout la bonne ambiance qui règne à bord.

Nous sommes entrés dans la marina d'Oyster Pond peu après le lever du jour, tout était très calme. Nous avons commencé par prendre un super petit déjeuner buffet à volonté, en lisant vos commentaires, nous avions hâte! Il nous faut maintenant ranger nos affaires, nettoyer le bateau de fond en comble, et nous aussi, avant de prendre nos avions respectifs en début d'après-midi.

Je voulais profiter de ce dernier message pour vous remercier, amis, collègues, voisins, rencontres aux escales prévues et non prévues, partenaires (Arnaud, Christophe, Aymeric, Gilles, Pierre, Thierry, Bastien, Laurent, Albert, ......) et surtout nos familles pour nous avoir soutenu dans ce projet qui n'a pas toujours été simple. Vos commentaires sur le blog, et le nombre important que vous étiez à nous suivre sur la carte nous ont beaucoup touché et nous ont permis de garder le moral pour aller jusqu'au bout de cette aventure. Enfin remercier tout l'équipage qui m'a suivi dans ce projet, qui a toujours été solidaire dans toutes les circonstances, et a réussi malgré nos différences, à créer un groupe où chacun a trouvé sa place naturellement. Je pense que chacun en ressort un peu changé. Enfin une pensée toute particulière à Pierre-Yves qui nous a beaucoup manqué, mais je suis sûr que tu seras de la prochaine aventure.
Bonne fin d'année à tous, et encore merci, merci, merci.
Pascal

mercredi 26 décembre 2012

Les derniers milles

Nous espérons avoir géré une dernière "molle" cette nuit, au moteur, afin de récupérer du vent au petit matin, et de garder notre estimation d'arrivée pour le jeudi 27 vers midi UTC (soit 8h heure locale). Notre estimé Pierre-Alexandre a de nouveau été mis à contribution pour garder le cap, il est vraiment très fort. Nuit au moteur = quart allégé (1 personne à la veille au lieu de 2) toujours très apprécié de tous. Le plus difficile est de trouver le sommeil avec le grondement du moteur.

Hier soir, une bonne soupe à la bisque de homard avait été préparée avec amour par les Patrick et prête à consommer à l'extérieur sous une lune splendide. Le parcours entre la cuisine et l'extérieur est toujours périlleux en mer, alors si en plus une poignée de la cocotte lâche en chemin, vous retrouvez une soupe étalée à l'intérieur du bateau !!!! Finalement, après nettoyage, cela s'est fini par une soupe de potiron arrivée à bon port dans nos auges et sous une lune toujours aussi brillante.

La journée sera consacrée au rangement et nettoyage du bateau, aux bagages. Une ambiance de fin d'aventure qui nous rend un peu triste, mais aussi très heureux, car nous allons retrouver nos familles, nos amis, nos collègues, notre vie de terrien avec tous ses plaisirs.

mardi 25 décembre 2012

Noël marin, Noël serein

Après une période d'incertitude, car le vent a forci à la tombée du jour en faisant pas mal gîter le bateau, puis est tombé d'un coup imposant à l'équipage des manoeuvres le temps qu'il se rétablisse, nous avons fait notre dîner de Noël dans le cockpit de Maluel pendant que Pierre-Alexandre barrait. Au menu, pour l'apéritif du champagne M & C (acheté à Funchal en vue de fêter l'arrivée...) accompagné de pistaches, olives aux anchois de Funchal, et des croûtons aux oignons (malgré une forte consommation de croûtons à bord, il en reste toujours dans les rangements...). Le repas, plus simple, était composé d'une soupe de carottes avec... des croûtons bien sûr!
Durant l'après-midi consacré à la décoration de l'intérieur du bateau, par Pascal, avec un vague sapin en couverture de survie du plus bel effet, nous avons poursuivi nos parties de belote. Les compteurs commencent à s'inverser: Etienne et Pascal se sont pris deux défaites d'affilée contre Patrick G. et Gilles, qui gardent un triomphe modeste, Pascal et Etienne restant vainqueurs au global.
Aujourd'hui 25 décembre et jour de Noël, c'est jour de repos (!), avec au programme préparation de notre déjeuner de Noël dont nous vous livrons en exclusivité le menu: toasts de sardines natures et au piment, suprême de volaille à la sauce royale et penne rigate, cocktail de fruits, chocolats, calva (de chez Lemorton, bien sûr!). Le déjeuner s'annonce alléchant et sera suivi (et précédé) de la maintenant traditionnelle belote!
Pendant ce temps, le barreur de quart, sous spi, aligne les milles qui nous séparent de Saint-Martin. Encore un petit effort, nous y arrivons. Et chacun de commencer à imaginer la vie après Maluel: le retour dans nos familles, un lit avec couette et oreiller et une nuit complète, des toilettes qui ne bougent pas et où l'on n'est pas obligé d'avoir les mains suspendues au plafond pour tenir, une douche à l'eau douce, l'assise moëlleuse d'un fauteuil, une viande saignante avec des frites, un bon fromage et un bon vin, une cuisine ou l'on peut à la fois faire cuire du riz et une omelette en même temps, des mets oubliés comme du foie gras ou une bonne langouste... En revanche, on veut bien conserver la température d'ici.

lundi 24 décembre 2012

Joyeux Noël!

Et voici Noël que nous allons fêter à bord. Exciting! Nous sommes tellement loin de l'ambiance des fêtes de fin d'année en France: décorations dans les maisons ou dans les rues, chants ou musique de Noël... Quelles décorations installer à bord, quels cadeaux? Nous pensons faire un sapin avec une couverture de survie et des guirlandes avec nos flashlight, et même utiliser un lot de voiles laissées par Marc à l'avant du bateau pour nous confectionner des cadeaux à échanger. Elles ont l'air d'être en mylar, nos présents n'en seront que plus beaux ;-)... Entre température et spécificité du cadre, il est difficile de nous mettre dans l'ambiance des Noël que nous avons l'habitude de passer en famille en France... Un vrai dépaysement dont nous faisons l'expérience imprévue cette année, avec une certaine nostalgie de nos vies respectives, les fêtes en famille représentant une habitude qu'il est difficile de changer et surtout de vrais moments de bonheur... Bons préparatifs à tous!

Un quart de nuit : pas toujours facile de se faire réveiller à minuit alors que l'on dort depuis 2 heures, mais après l'effort du réveil, de se vêtir et de mettre son gilet, on se retrouve assis à l'arrière du bateau dans la pénombre de la lune à écouter glisser le bateau en toute quiétude à 9 noeuds sous spi sur une mer calme, quel pied... on aime ces moments privilégiés où l'on semble être seul au monde dans ce paysage de bleu nuit extraordinaire. C'est bon, c'est bon, c'est bon. J'y retourne pour en profiter un maximum.
Malgré tout, par une nuit couverte, il n'est pas facile de barrer sans repère visuel autre que la NKE. Quelques faseyements agrémentent le silence relatif de la nuit. Le jour se lève ce matin vers 9h45 par un rougeoiement flamboyant qui embrase l'arrière du bateau. Amélie qui barre depuis un long moment est contente de passer le relais.

Après un trèèèès long bord de portant tribord amure, nous avons décidé d'empanner ce matin en faisant le constat qu'a priori les deux bords étaient aussi rapprochant l'un que l'autre, et que le bord babord amure nous permettrait peut-être de trouver des vents un peu plus favorables... Réveil musculaire pour tout l'équipage, et une cocotte plus tard, nous découvrons que le bord babord est en fait beaucoup plus confortable: nous sommes à 120° du vent sur la route directe, à une vitesse de 8,5 noeuds! Damned, on était limite hors cadre!! Notre espoir renaît et notre cou se détend.

Merci à nos familles de ne pas oublier de mettre nos souliers sous le sapin. Bon Noël à tous et que la fête soit joyeuse.

dimanche 23 décembre 2012

Nuit sous spi

Après avoir pratiqué le rodéo sur les vagues pendant 2 jours, le vent sifflant à nos oreilles et des embruns plein les yeux, le changement de style est radical et comme qui dirait: j'préfère c't'ambiance! Nous voici maintenant entre le travers et le grand largue par une mer belle. Si nous craignions que le vent nous fasse défaut, la réalité est plus positive: nous naviguons entre 6 et 15 noeuds ce qui nous permet d'atteindre des vitesses entre 5 et 10 noeuds. La navigation de nuit sous spi est particulièrement intéressante bien que fatigante. Sous l'éclairage de la lune, ou plutôt demie-lune que nous sommes ravis de retrouver, le barreur est attentif au mouvement et à l'assiette du bateau ainsi qu'au comportement du spi. Les yeux rivés sur le guindant - enfin, nous pouvons décrocher de la lueur blafarde et orangée des écrans de navigation! - nous surveillons le comportement de cette lèvre qui nous révèle s'il faut lofer ou abattre afin de garder toute la pression dans le spi.
Pas simple, la nuit n'aidant pas l'analyse de ce comportement. Mais après maintenant près de 3-4 semaines de mer, même les néophytes du spi sont devenus des experts, lofant et abattant continuellement afin de faire avancer le bateau au maximum de sa vitesse. Il faut faire preuve de finesse et de délicatesse dans la tenue de la barre: chaque mouvement est important et s'il est trop brusque, le fragile équilibre trouvé (surtout par moins de 5 noeuds de vent) sera perdu et nécessitera un gros travail pour le retrouver et relancer le bateau.
La lune est magnifique et la visibilité excellente. C'est un vrai régal de sentir le bateau et de se situer grace aux reflets sur l'eau. Avançant à 7,5 noeuds sur une mer argentée, nous écoutons les filets d'eau glisser le long de la coque: de vrais instants privilégiés qui resteront gravés dans nos souvenirs.

Alors que nous sommes en plein océan et que la température de la journée avoisine les 30°, comment imaginer que nous sommes en période de l'Avant et que Noël est dans 2 jours! Coupés du monde, ou presque, notre notion du temps ne tient qu'à l'enchaînement draconien des quarts sur la base du planning en heures UTC: pas de son de cloches, pas de JT, pas de RDV ou de réunion... le temps à bord de Maluel est notre propre temps. Les heures UTC ne sont que des indicateurs, le soleil faisant le reste pour indiquer le moment des repas ou des apéros: maintenant, le soleil se lève à 9h-9h30 UTC et se couche dans les mêmes heures le soir. Coupés du monde donc: pas d'informations politiques, économiques, sociales, sportives... même si cela ne nous manque pas spécialement, nos lectures à bord nous rappellent régulièrement des questions du quotidien: quid de la Syrie? Quid des frasques politiques françaises? Quid des derniers potins?!... Toutes nos questions restent gelées aux dernières no
uvelles que nous avions pu lire lors de notre escale forcée à Roscoff et aux quelques unes que nous avons eu à Madère.

Hier, samedi soir oblige, ambiance night club, ou plutôt soirée privée vu le nombre d'invités. C'est vrai, l'accès au club est un peu éloigné et même s'il y a beaucoup de place de parking, le carré VIP est très restrictif. Pas de sono ce soir, c'est le DJ Gilles qui est à la guitare accompagné par nos voix qui sont souvent plus proches de celles des mouettes que de celles des petits chanteurs à la croix de bois! L'ambiance est de folie, digne des soirées de David Guetta (il ne manquait que la mousse)... En plus, open bar toute la soirée! Mais soyez rassurés, vu la quantité limitée du stock derrière le comptoir, il n'y a pas besoin de désigner un "capitaine de soirée" pour rentrer... Cela dit, avec les 2 marches à descendre pour rejoindre les banettes, on n'est jamais assez prudent... Et dire qu'il a fallu atteindre la date de fin théorique de notre périple pour enfin vivre cela! Dans la version idéale, nous devrions travailler notre répertoire depuis au moins 10 jours déjà!

23 heures: extinction des feux, et gestion des quarts de nuit plus ou moins compliquée selon les équipiers. On se demande quand même comment notre organisme va réagir au retour à une vie plus normale concernant le sommeil. En tout cas, la 1ère nuit complète, dans un vrai lit, sera appréciée par tous... avec douche chaude et croissants frais au réveil (à bon entendeur... :) ).

samedi 22 décembre 2012

Un peu de répit

Ouf, la bascule a enfin eu lieu après 4 heures de route nord, cap au 260° après le virement de bord, ce qui est quasiment la route directe. Maintenant, l'inconnu est la force des vents pour nous accompagner jusqu'à St Martin (GRIB nous annonce un vent faible au portant..... à voir). Nous attendons impatiement que le vent continue de passer au nord-ouest pour quitter l'allure trop près du vent et son instabilité, à un travers voire largue toujours plus agréable (et si en plus le soleil revient... mais bon, on ne va pas en demander trop... mais ce serait cool quand même).
Nous devions arriver ce jour à notre destination, mais le retard de 4 jours pris au départ (matériel, météo...) n'aura pas été rattrappé faute à un anticyclone qui nous a barré la route pour aller aux Canaries, ce qui nous aurait permis de descendre chercher les alizés. Faute également à des vents faibles après Madère puis mal orientés, surtout ces dernières 48 heures. A ce jour, nous ne prévoyons pas une arrivée avant le 27 décembre, à confirmer dans les jours à venir en fonction d'éole qui est bien entendu notre seul moteur.
Ce matin, nouvelle ambiance. Le vent est retombé à 10 noeuds et le lever de soleil est sublime sur une mer avec une houle de 3/4 m. Nous ne sommes que trois à profiter du spectacle car le reste de l'équipage profite de la nuit redevenue calme pour récupérer. Les organismes ont été mis à rude épreuve par ces deux journées de près. Nous n'avons que très peu mangé, plutôt grignoté car personne n'avait le courage ou l'envie de préparer un plat collectif. Les rebonds incessants sur les vagues rendaient de toute façon toute cuisson impossible. Le petit déjeuner fut salvateur et l'ambiance retrouvée. Peu à peu les dormeurs sont sortis, et c'est au complet que nous avons envoyé le spi... Une fois la navigation mise en place et la pile à combustible rechargée par Pascal, séance de douche à tour de rôle sur le pont. Chacun s'asperge avec des sceaux et se frotte avec délice. C'est fou comme des gestes quotidiens peuvent être agréables, même à l'eau de mer! On peut supposer que le déjeun
er, préparé vers 15h UTC, va être copieux et apprécié par tous; quoique nous n'avons presque plus de produits frais, et la dernière bouteille de lait a été ouverte ce matin. Vu la température du frigo, elle ne passera pas la journée avant de se transformer en yaourt!
Nos horaires sont de plus en plus décalés du fait du passage des méridiens, et le soleil s'est levé ce matin vers 9h45, même si la clarté était revenue plus d'une heure avant.
Peu de vent annoncé jusqu'à demain soir, ensuite, cela devrait forcir pour nous emmener vers St Martin (patience, patience...).

vendredi 21 décembre 2012

La solitude du barreur de nuit

30 noeuds de vent, la lune a disparu et il fait nuit noire. L'équipier de quart avec moi somnole doucement, le bateau tape et tremble de partout. A l'intérieur, le reste de l'équipage tente de dormir. Les seules indications sont données par les écrans jaunes orangés de la NKE. Entre 40 et 45° du vent, quand le bateau prend les vagues de face, il monte et redescend dans un fracas résonnant.
Seul à sa barre, l'homme de quart domine les flots par intermitence du haut des vagues, mais pour ensuite redescendre très vite dans les creux. Réalisant un véritable rodéo sur une mer bien formée, le barreur veille au milieu de cet océan mouvementé. Le vent siffle à ses oreilles, donnant une impression de grande vitesse alors que, notre voilure réduite au maximum, nous n'avançons qu'à 7 ou 8 noeuds. Avec si peu de toile, difficile de sentir parfaitement le bateau ce qui oblige à garder un oeil sur la mer afin d'anticiper les vagues et l'autre sur les écrans sur lesquels défilent les chiffres numériques du cap, de l'angle par rapport au vent et de la vitesse du vent. 27, 32, 35, voire même 45 noeuds de vent s'affiche tour après tour. Le barreur, tenant fermement sa barre, renfoncé sous sa capuche de ciré, suit son cap, attentif à chaque mouvement du bateau afin d'éviter qu'il tape lorsque qu'il redescend dans un creux. A l'intérieur, aucune conversation n'est possible car la
concentration et le bruit empêchent les échanges. Avec nos horaires décalés par le changement de fuseau horaire, le jour ne se lève qu'à 9h UTC et de plus en plus tard.

Fuite au Sud

Au début de journée, nous marchons au cap 330° en s'enfonçant dans la dépression annoncée à 20/25 noeuds, dans le but de virer lorsque le vent passera de Ouest à Nord Ouest - Nord Nord Ouest. Au fil de la journée, la mer se forme de plus en plus et le vent forçit progressivement à plus de 30 noeuds. En croisant un porte conteneur, Patrick D. prend contact avec lui par VHF pour vérifier nos informations météo, car nos fichiers GRIB (Grande Rareté en Informations Bonnes) ne sont pas en adéquation avec ce que l'on constate autour de nous. Le cargo nous annonce une forte activité dans la dépression avec des vents à plus de 35 noeuds et des creux de 5 à 6 mètres. Après concertation de l'équipage, la décision est prise de redescendre vers le sud même si cela n'est pas le bord rapprochant de la destination finale afin de se mettre en sécurité tant pour l'équipage que pour le bateau.
La nuit fut très agitée, le sommeil a été trouvé très difficilement voire pour certain pas du tout. Au matin, l'option à l'air de porter ses fruits, le vent se calme, et passe progressivement au Nord Ouest ce qui nous permet de prendre une route plus directe, mais toujours au près dans une instabilité pas très agréable.
Les conditions se sont améliorées dans la matinée, cependant le vent ne prend pas une orientation très favorable...

jeudi 20 décembre 2012

Encoe 1000 milles nautiques

Le point de vue d'un équipier sur la journée d'hier: "je viens de finir mon quart, déprimant au possible! Un vent de 6 noeuds qui peine à gonfler un spi ballotant, un cap qui ne me rapproche pas de ma destination finale, et un nouveau fichier GRIB (gifle, raclée, indécence, baston) qui ne m'annonce plus des jours meilleurs! Comme disait ma grand-mère, il ne faut pas faire ce que l'on aime, il faut aimer ce que l'on fait. Dont acte! En tout cas, MN si tu me lis, je crois que pour la première fois, c'est moi qui vais être à la bourre!"
La préparation d'une bonne salade de pâtes vient relativiser tout ceci.

Au niveau de notre navigation, après la journée sous spi par petit temps, la bascule de vent annoncé par GRIB (Grain, Risée = Inversion de Barre) vers 22 heures, s'est produite avec 3 heures d'avance sous l'effet de gros nuages venant nous gifler de leurs gouttes et de leur vent. Tout l'équipage est sur le pont pour notre premier empannage sous spi depuis Diélette! Et oui, on innove tous les jours. Après cette manoeuvre, toujours délicate, parfaitement réussie, le vent continue de tourner et nous affalons avant la nuit. Sous trinquette au travers dans un premier temps, nous nous préparons à passer la nuit au près (en gros : bateau penché, instabilité...) et ceci certainement pour au minimum 24 heures (à confirmer par les prochains bulletins météo qui sont très changeants).
Nous avons profité du calme de l'après-midi sous le soleil pour nous reposer. Nous n'avons pas oublié de nous enduire de crème (merci Bernard) pour éviter les coups de soleil, ce dernier étant maintenant bien plus vif. Pendant que Patrick confectionne une nouvelle traîne ainsi qu'un nouveau leurre avec le reste de la ligne, Etienne et Gilles entreprennent la réparation du bidon de 4,7 litres (cf. billet précédent sur les transferts de flux) qui avait subi un mauvais traitement la nuit dernière, afin de le rendre de nouveau étanche. Après 2 tentatives (qui ont duré tout le temps du quart de barre d'Amélie...), nous pouvons de nouveau l'utiliser. L'après-midi s'est passé tranquillement. A noter que l'équipe Pascal/Etienne a perdu un partie à la belote contre l'équipe Gilles/Patrick G. et que malgré la nouvelle traîne réalisé par Patrick D. aucun poisson n'a été pris... Amélie a continué son apprentissage de la guitare en travaillant ses gammes et nous nous sommes tous retrouvés
autour d'un verre à l'apéro afin de profiter de la douceur et du calme de la fin de journée en prévision des deux jours suivants qui, selon les prévisions météo, risquent d'être moins agréables et ne nous permettront pas de profiter ainsi du pont et du carré.

Concernant le spi, voici quelques précisions suplémentaires, qui, sans rentrer trop dans le technique, doivent être attendues par nos partenaires ou concurrents de nos régates sur J80. Le spi (ou spinnaker) dont nous sommes équipés fait environ 200 m² soit près de 3 fois le spi du J80. Ce spi est rangé dans une grande chaussette qui permet de le garder non gonflé lors de l'envoi ou de l'affalage. Qui dit plus grand, dit plus compliqué et forcément plus risqué le maniement de ce grand morceau de toile légère. Certes, l'envoi, l'affalage et les manoeuvres ne se font pas dans les mêmes conditions: ici pas de précipitation! Nous prenons le temps de préparer chaque manoeuvre et de vérifier que chacun des intervenants présents pour celle-ci a bien connaissance de toutes les tâches à réaliser. S'il y a deux N°1 à bord (Pascal et Etienne), tout l'équipage n'est pas aussi familier avec cette voile. Malgré cette préparation préalable, nous enregistrons quelques disfonctionnements qui n
e manquent pas de nous rappeler de bons souvenirs et qui devraient faire sourire certains de nos lecteurs régatiers:
- Problèmes d'envoi: si l'envoi en tant que tel ne pose pas de problème grâce à la fameuse chaussette, celle-ci est un accessoire supplémentaire qui se gère au moyen d'un bout dont le rôle est de la faire monter (après le hissage) ou descendre (avant l'affalage). Ce bout a été à l'origine de quelques situations épineuses (noeud, bout emmêlé ou mal positionné...) nous amenant ainsi à devoir descendre le spi fraîchement hissé pour remettre les choses dans l'ordre, transformant ce qui devait être une manoeuvre bien rôdée et fluide en un véritable exercice physique appelé par Pascal "réveil musculaire" (parce qu'en général nous envoyons le spi au petit matin. Et tout comme pour la prise ou le renvoi de ris dans la GV, nous nous arrangeons pour que l'opération tombe à la prise de quart de Pascal! Il ne lui manque que l'envoi d'hier matin à son actif, nous le suspectons d'avoir fait la sourde oreille...).
- Cocotte: c'est le terme affectueux utilisé pour désigner la formation, par enroulement du spi autour de lui-même, d'un entortillage séparant une petite poche d'air dans la partie supérieure du spi d'une plus grande poche d'air dans la partie inférieure, faisant ressembler le spi à une poule. [L'écriture de cette phrase a fait l'objet d'un long débat au sein de l'équipage, montrant que le terme cocotte renvoie à différentes interprétations. Nous nous rendons donc compte que l'on ne sait pas exactement à quelle représentation le terme fait référence. Peut-être pourriez-vous éclairer notre lanterne?!]. Aussi étonnant que cela puisse paraître de faire une telle figure avec un spi de cette ampleur, cela est arrivé une fois! Gageons que cela ne se reproduise pas car entre affalage, démêlage et renvoi, c'est beaucoup de temps et d'énergie perdus!

A part cela, les manoeuvres deviennent de plus en plus fluides et les "non N°1" montent en compétence dans cette noble matière. Les affalages se déroulent aisément et le seul empanage que nous ayons eu à faire à ce jour fut un modèle de coordination et de maîtrise (en toute modestie).

Cette nuit, comme prévu nous avons fait une route au près. En revanche, nous avons eu des vents beaucoup plus forts qu'annoncés: en moyenne à 25 noeuds au lieu de 10 à 15. Sous un premier grain, le vent est monté à 30 noeuds. Ensuite, petite période de pétole au cours de laquelle le bateau, non manoeuvrant, a décidé de prendre le chemin du retour. Une différence notable de situation: la mer est plate et l'eau est chaude. C'est presque un plaisir de se faire rincer. Et puis, alors que le vent revenait à la normale vers 7h30, laissant penser à Amélie et Patrick D. que nous commencions peut-être à avoir du bol au niveau météo, le bateau se dirigeait droit vers un énorme nuage noir. Une fois dessous, la nuit noire est retombée d'un coup, mais le vent n'est pas vraiment monté tout de suite. C'est dans un deuxième temps que le vent est monté cette fois à 40 noeuds! Réveil plus tôt que prévu pour certains (indice : un nouveau réveil musculaire) afin de prendre 2 ris dans la grand vo
ile et finir la nuit sereinement.

Cette nuit, nous avons tout de même passé une barre symbolique pour notre moral: il reste moins de 1000 miles avant l'arrivée à St Martin (marina de Oyster Pound). Pour fêter l'événement, Etienne s'est proposé pour aller acheter des croissants à la boulangerie la plus proche.

mercredi 19 décembre 2012

Les tribulations d'un marin pêcheur au milieu de l'atlantique

De la pêche à bord de Maluel 40: revenons sur ce sujet (sensible) qui nous occupe et préoccupe. Si la mer nous dépose grâcieusement et quotidiennement des poissons volants sur notre pont, cela ne remplacera jamais le poisson que nous devons attraper avec nos traînes. Je dis "nos", car si vous avez suivi la confection par Jean Marie de la traîne K3000, nous avons également un traîne moins artisanale, que nous mettons en place en parallèle de la K3000 afin de, comme le préconise les manuels, "pêcher à des profondeurs et distances du bateaux différentes". Malheureusement, entre la théorie et la pratique, force est de constater que l'écart est grand, car en dépit de nos essais assidus, nous n'avons toujours pas enregistré la moindre prise ni même la moindre touche. Enfin, jusqu'à ce jour!
Suite à la perte (délibérée) de la la traîne K3000 qui s'est enroulée dans le safran, Etienne s'est employé à confectionner, grâce au matériel gentiment offert par Jean-Marie, une nouvelle traîne. A partir de fils à scoubidou, de ficelles tressées et de tout un ensemble d'autres petits matériels, un nouveau poulpe (leurre utilisé pour les traînes dites de type rapide) a été réalisé. Le résultat est d'ailleurs plutôt bon. Aussitôt fait, aussitôt mis à l'eau, la nouvelle traîne est relancée. La surveillance, attentive au début car tout l'équipage est plein d'espoir dans ce nouveau leurre, se relâche au fur et à mesure que le temps passe jusqu'à ce que nous découvrions que le fil de la traîne est rompu à quelques mètres seulement du balcon arrière du bateau: horreur! Outre le fait que nous perdons un nouveau leurre, nous perdons aussi tout le fil de notre traine. Mais surtout après enquête et discussion pour déterminer les causes de cette rupture, nous arrivons à la conclusion q
ue, étant donné l'installation d'un amortisseur sur la traîne (qui a également été arraché) et la résistance du fil utilisé, nous avons dû prendre un très gros poisson qui à force de se débattre a rompu le fil. Quel dommage! Ce thon ou cet espadon aurait été le bienvenu pour assouvir toutes les recettes dont nous vous avons déjà fait part précédemment... Il ne nous reste donc qu'une traîne. Espérons que nous aurons enfin plus de chance avec celle-ci! @ suivre...
Après un bon coq au vin et des fruits au sirop pour le déjeuner, le reste de l'après-midi se déroule sous spi à des vitesses enfin retrouvées. Nous filons à 10-12 noeuds sur la route directe, par un temps qui se découvre progressivement. Pendant ce temps, un atelier noeuds est créé, toujours dirigé par le professeur Etienne et suivi par des disciples très attentifs (avec une mention très bien pour Gilles). De jolis cordages sont réalisés qui deviennent même un signe distinctif de l'équipage qui orne maintenant ses travaux autour du cou, ou de la cheville. Pour finir la journée, une partie de belote est engagée (Etienne et Pascal restent intraitables). Amélie, de quart à 18h, apprécie les joies du rodéo sur les crêtes des vagues d'environ 2 mètres de creux. Pendant qu'elle barre, un minuscule poisson volant aux reflets bleutés viendra s'échouer à coté d'elle (cela porte à 4 poissons volants venus s'échouer dans le bateau (dont 1 trouvé dans le lazy bag... vous avez dit volant.
..)).
Le fichier GRIB (Gentiement Réalisable pour Initiés Bretons) nous conforte dans les options initialement prévues et nous permet d'éviter la pétole entrevue du fait de l'anticyclone qui remonte. Nous affalons le spi vers 19h45, car le vent reste dans les 15 noeuds sur une mer bien formée, et la trinquette est plus facile à manier de nuit pour la majorité d'entre nous. Nous essuyons un grain bien pluvieux avant que tous les oisifs hors quart prennent leurs dispositions nocturnes.

mardi 18 décembre 2012

P***** de b***** de m****

Quand on vous disait que les jours se suivent et ne se ressemblent pas: lundi matin, changement d'ambiance! Le vent a bien forci et la mer est agitée. Le ciel est couvert d'une homogène couche de nuages gris clair épaisse. De nouveau en équilibre précaire (et de moins en moins tolérants à l'égard de ce régime), les équipiers se font difficilement à l'idée qu'il y en a pour la journée et qu'il faut remettre le ciré pendant le quart. Le point positif, c'est qu'il fait doux et qu'on est en tshirt dessous. Certains persistent même à conserver le short un temps, curieux mélange avec la veste de quart! L'autre point positif est que le pont est bien rincé avec tous les paquets d'eau de mer qui passent. L'un d'eux a d'ailleurs laissé un poisson volant! Peut-on parler d'une première prise de pêche?...
Les équipiers ne sont pas tous égaux dans leurs quarts: 1h30 de pluie non stop pour Amélie, suivi de 1h30 de ciel bleu pour Pascal (mais avec les vagues en face), 1h30 de magnifique fin de journée dans un vent plus calme pour Etienne. Ce qui est étonnant, c'est que le changement de style s'opère systématiquement au moment du changement de quart (nous avions déjà remarqué qu'il y avait fréquemment une bonne rafale pile au moment du passage de barre entre équipiers). Eole s'amuse, nous ne rigolons pas toujours.
La vie à bord n'est pas à la fête: soupe au déjeuner et au dîner, c'est dire! Globalement, l'atmosphère est saturée d'humidité (on n'est pas dépaysé...), c'est assez désagréable. On aura au moins appris une chose au cours de cette navigation: en bateau, si tu as quelque chose à faire et que tu peux le faire, alors fais-le. Après, il sera trop tard! De quoi rééduquer la procrastination terrienne...
Ce qui est intéressant aussi dans cette météo, c'est qu'elle n'était pas du tout prévue!! Nous savions que nous aurions du près à faire, mais a priori plus tard dans la journée, et surtout, nous nous attendions à 10-15 noeuds de vent et non pas aux 25 noeuds de moyenne avec pointes à 32 que nous avons eu... Monsieur GRIB (Galère du Routage Intégré au Bateau) a tellement dû avoir les oreilles qui sifflent qu'il ne nous donne même plus ses prévisions pour la période en cours. Nous avons téléchargé le nouveau fichier au moment où nous avons posté le dernier billet, et celui-ci ne commençait qu'à 18h!! Du coup, tout devient hypothétique, et cela ne nous rassure pas pour la transition que nous devons gérer...
Côté animaux, en plus du poisson volant, nous avons aussi eu le retour d'une aigrette. Pendant près d'une heure, elle a tenté une approche du bateau, s'approchant puis s'éloignant, avant de revenir. Elle avait l'air en piteux état mais n'est jamais venue se poser. Pourtant, Gilles a bien essayé de la faire venir en l'appelant avec tous types de sifflement!
Virera, virera pas? Alors que nous progressons toujours au-dessus de la dépression, dans un cap Nord Ouest - Nord Nord Ouest, nous nous préparons à devoir virer dès que le vent refusera véritablement, nous permettant ainsi de prendre un cap Sud Ouest - Ouest Sud Ouest. Après une première tentative en fin d'après-midi qui ne s'est pas avérée suffisament concluante pour que nous la maintenions, nous avançons de plus en plus Nord Nord Ouest voire Nord. Nous préférons ainsi nous assurer que le vent est bien établi, pour considérer être enfin en présence de la bascule attendue et virer, on le souhaite, définitivement.
Au cours de la nuit, dans les petits airs qui nous font vider le ballast et relâcher le ris de la GV, rebelote, une route franchement nord-est nous laisse espérer que la bascule a de l'avance... Et bien non, encore une bonne blague d'Eole ("c'est une blague de crétin ça Bernard!" dixit Etienne, qui rythme nos échanges à coup de tirades de films anthologiques). 2h du matin, nouvelle tentative. La route suivie après cette nouvelle manoeuvre est plutôt Sud Sud Ouest que Sud Ouest ou Ouest Sud Ouest, mais le vent doit adonner dans les heures à venir... Le vent fini par nous faire faire le bon cap, avec une force de cinq à dix noeuds et une mer calme et belle. Nous n'étions toutefois pas au bout de nos surprises, puisqu'à 8 heures, alors qu'il fait encore nuit noire (le jour ne se lève qu'à 9h), le vent tombe à nouveau et nous envoie plein sud. Surtout, il nous envoie vers la zone de molle que nous voulions éviter et dans laquelle se multiplient les phénomènes électriques. C'est b
eau, mais pas très rassurant. Eole a dû avoir pitié de nous, et nous revenons au bon cap avec un vent forcissant, puis adonnant, ce qui nous permet d'envoyer le spi et de faire route en plein sur la route directe!
L'ensemble de l'équipage a pu passer une nuit paisible et réparatrice des dernières vingt quatre heures. Même Patrick D. dans son sommeil a fait le bûcheron... Au petit matin, signe de cette bonne nuit, les six marins étaient sur le pont pour déguster des oeufs brouillés au fromage concoctés par notre ami Patrick D. Dans la nuit Etienne a dû rêver de pêche, car sur le pont un autre poisson volant avait atterri. Comme quoi, il n'est pas nécessaire d'apporter son attirail de pêche puisque le poisson arrive tout seul sur le bateau...
Sus à la procastination! Autre sujet délicat traité ce matin, immédiatement après le petit dej': le nettoyage du frigo. Patrick D. s'est chargé de la besogne, et il était temps... difficile de vous décrire la situation qui se situe plutôt au niveau olfactif...
Dans cette lancée, la journée va certainement être employée au nettoyage des équipiers, à l'aération des espaces et des duvets, et au séchage des affaires.

lundi 17 décembre 2012

Au milieu de l'Atlantique

Déja 3 semaines de mer et nous avons l'impression d'être partis avant-hier tellement les jours passent vite! Et pourtant pas de routine puisque nous voguons au gré des quarts. Les jours se suivent et, finalement, se ressemblent peu. Tous les jours nous avons l'occasion de pratiquer un nouveau métier. Jugez-en plutôt par cette liste impressionnante: routeur, barreur, matelot, cuisinier, plongeur, technicien de surface (et parfois des bas-fonds...), mécanicien diésel, électricien, mineur de fond (voir le billet précédent), frigoriste, conteur, lecteur, acteur, spectateur, ornithologue, astronome, informaticien etc...Le dernier métier en date est celui de joueur, joueur de cartes. Depuis peu, le jeu de belote fait partie de notre quotidien et on peut dire que l'équipe Pascal / Etienne s'en sort bien. Mais attention, derrière eux, l'équipe Gilles / Patrick D. est à l'affût, et au moindre faux pas, ils les battront à plates coutures.
Les cours de noeuds ont porté leur fruit : le poste de gabier est créé! Gilles l'assume avec brio particulièrement quand il faut créer une jugulaire au chapeau d'Amélie pour qu'il ne s'envole : 2 beaux noeuds de capucin agrémentés d'un noeud de pendu permettant d'ajuster la longueur du fil (attention à ne pas trop le serrer autour du kiki!)
Nous n'avons pas cité le métier de pêcheur, car malgré les efforts répétés d'Etienne (et nous pouvons vous dire qu'il y met du sien: chaque jour, nouvelle réflexion sur la traîne et réfection de l'hameçon; vraiment on peut dire qu'il y travaille), ses efforts n'ont toujours pas payé. Et ce alors qu'il avait été dit que le poisson frais c'était Etienne qui l'apportait... Mais notre traversée n'est pas terminée et Etienne est convaincu que nous mangerons du poisson frais d'ici les Antilles.
Ah, nous allions oublier, il y a aussi le métier de bûcheron. Vous me direz, que vient faire le bûcheron dans cette aventure??! Pour comprendre, il vous suffirait d'écouter Patrick G. dormir et l'entendre "couper du bois"! Gilles et Patrick D. l'envient, car ballottés constamment de droite à gauche, il n'est vraiment pas facile de trouver le sommeil pour nos quinquas.
Côté animaux, c'est maintenant au tour des poissons volants de venir à notre rencontre, seul ou en groupe, ils nous ont accompagnés toute la journée.
Côté navigation, nous avons vécu une nouvelle journée magnifique sous spi, avec un soleil qui tape de plus en plus. Nous affalons toujours le spi au coucher du soleil mais notre moyenne sous trinquette chute à peine car, systématiquement, le vent forcit la nuit. Nous étions bien descendus pour passer sous une bulle anticyclonique et chercher des vents portants. Ceux-ci nous ont dirigé vers les Antilles et nous font maintenant remonter, afin de passer au-dessus d'une nouvelle zone molle. Nous allons affronter une nouvelle période de transition avant de rentrer dans un nouveau système qui devrait de nouveau nous descendre vers les Antilles. Merci au fichier GRIB (Génial, Rigoureux, Idéal pour Barrer)!
La navigation nocturne est maintenant un vrai régal. Même si le fait d'être réveillé en pleine nuit reste pas très agréable, grâce à P-A, nous pouvons profiter pleinement de ces moments de calme en binôme. Lecture, discussion voire léger assoupissement de temps en temps, le quart de nuit est un moment privilégié pour écouter la mer et notre bateau glisser sur les flots avec, au-dessus de nous, le regard bienveillant de la voie lactée et des myriades d'étoiles, et de part et d'autres du navire, les étincelles fluorescentes du plancton, qui stimulé par notre passage, se met à scintiller, éclairant les flots d'une lueur verte quasiment surnaturelle. La lune est malheureusement peu présente depuis deux semaines. Pour cause, dans un premier temps les nuages et depuis une semaine, le passage à la nouvelle lune. La lune est maintenant dans son premier croissant et ne reste pas longtemps. Nous espérons pouvoir la retrouver dans quelques jours afin d'éclaircir nos nuits plutot très no
ires ces derniers temps.
Un petit regret pour tous : personne n'a pensé à prendre un livre sur les étoiles... Dommage, l'occasion était parfaite pour peaufiner nos connaissances et apprendre à mieux lire la carte des constellations.

dimanche 16 décembre 2012

Température 28°5! Et vous?

Depuis l'arrivée du soleil, et en l'absence des conjointes, certains ont fait apparaître sur le pont des tenues vestimentaires pour le moins étranges: vieux (très vieux!) short tahitien, pantacourt northsails au look improbable, short suédois(!) déja bien taché, bermuda d'il y a 15 ans etc...Seuls Amélie et Gilles résistent à cette vague un peu hippie et surrannée. Chacun affirme que le confort prime avant tout.
Pour l'instant, pas de méga coup de soleil, et la pharmacie du bord reste presque intacte, juste quelques pansements pour des bobos sans gravité. L'équipage, 5 malabords et une demoiselle sont en bonne santé et à part un ou deux maux de têtes, il n'y a rien à déplorer.
L'ambiance est excellente et chaque caractère trouve à s'exprimer sans rancune ou rancoeur. C'est pourtant difficile de cohabiter jour et nuit dans un si petit espace et pourtant chacun trouve sa place, ses affaires et son intimité. Amélie a eu la géniale idée de fermer le triangle avant par un morceau de rideau de douche qui tient fermé avec des scratchs latéraux et que l'on remonte on le roulant. Ainsi, ce qui pouvait poser un problème au départ (à savoir les toilettes!) ne cause aucune difficulté: rideau baissé, toilettes occupées! La toilette du corps s'effectuait à l'aide de lingettes pour bébé, mais depuis la proximité des tropiques, le seau d'eau de mer sur le pont est devenu la règle. L'eau ne parait même pas froide et le soleil et le petit vent des Alizés permet un rapide séchage.
Comme vous le savez, nous avons une pile à combustible qui permet de tenir la batterie à charge. Donc comme son nom l'indique, cela fonctionne avec du combustible: le méthanol. Celui-ci est conditionné par bidon de 10 litres, donc à un moment donné, il faut remplacer ce dernier. Pascal, tel un mineur, rampe à l'arrière des couchettes par une petite trappe pour atteindre la pile. Il se retrouve dans un périmètre de 70 cm sur 70 cm, heureusement, son corps svelte (Ok... il reste du boulot) lui permet de se mouvoir avec aisance, et change le bidon. Tous les métiers sont vraiment exercés sur Maluel 40....
En fin de journée, alors que nous étions en pleine manoeuvre d'affalage de spi, nous avons eu la visite de 2 aigrettes qui semblaient à la recherche d'un perchoir pour se reposer. Pendant plusieurs minutes, ces deux oiseaux graciles ont survolé le bateau, plannant et virevoltant au dessus de nous. Nous nous demandons ce que ces deux petits échassiers pouvait bien faire ici, au beau milieu de l'Atlantique! Bien qu'elles paraissaient épuisées, les deux aigrettes ne se sont pas posées et sont reparties à la recherche d'un autre abri. Dommage, nous étions prêts à accueillir ces 2 passagers atypiques, mais elles en ont décidé autrement. Notre présence sur le pont et l'ambiance night club de l'apéro du samedi soir n'a pas dû leur plaire.
Nous continuons notre route vers les Antilles à bonne allure sous spi la journée et trinquette la nuit avec une mer assez agitée sur la première moitié de la journée, puis peu agitée ensuite, voir relativement calme pour la nuit. Nous allons, dès que les vents le permettront, reprendre une route nord-ouest afin de passer la dépression par le nord (nous avons 48 heures pour cela) et garder du vent suffisamment fort pour nous amener à notre destination finale.
La journée a été consacrée aussi au comptage des vivres. Côté repas, nous pouvons tenir jusqu'au 31 mars (merci à Etienne et Gilles, nous ne manquons vraiment de rien, sauf peut-être d'un poisson frais...). Du côté liquide, il reste 143 litres d'eau et 18 litres de coca, ce qui permet, à raison d'1,5 litres par jour et par personne, de tenir plus de 15 jours. Nous voilà rassurés et pas de restriction en vue.
La nuit, Gilles et Patrick G utilisent le pilote automatique depuis 3 soirs, et les performances réalisées lors de leurs quarts ont commencé à faire des émules au sein de l'équipage. Il faut dire que par nuit noire nous n'avons aucun repère visuel si ce n'est la centrale NKE, qui affiche sur un fond orange plutot fatiguant le cap magnétique qu'il est difficile de tenir sans faire de zig-zag.
La nuit, et à chaque fois que des trombes d'eau s'abattent sur le pont, on peut dire que le pilote automatique est vraiment utile. Nous l'avons d'ailleurs depuis nommé Pierre-Alexandre (PA), le coéquipipier de la nuit.
Finalement, ce blog est alimenté depuis le départ assez facilement par notre vie à bord, ce que nous voyons, ce que nous ressentons, la vie simple de six personnes sur un bateau, dans un espace de quinze mètres carré, au milieu de l'océan. Nous avons réappris que chaque mouvement de notre corps était complexe, que cuisiner un bon repas relevait du miracle, que réfléchir avant d'agir était important, qu'il fallait une volonté de fer parfois pour effectuer un mouvement simple de la vie quotidienne. Dans un espace restreint qui bouge sans cesse où il est impossible de s'éloigner, de récupérer, de rester solitaire quand le mot solidaire prime avant tout, on peut vraiment dire que l'on se sent vivant.

samedi 15 décembre 2012

Ti Punch

A notre déconvenue météo d'avant-hier soir s'est ajouté le retour du problème de démarrage du moteur. Malgré une bonne tension de la batterie, retrouvée au moyen de la combine déjà utilisée, au moment du démarrage, le moteur n'émet qu'un son lamentable et refuse de partir. Alors que nous nous voyions déjà coincés pendant 48h, nous avons décidé de rester positifs et de nous offrir un bon apéro convivial sur le pont, agrémenté de salade de poulpes.
Il fut salutaire. Le rhum aidant, nous tentons alors le tout pour le tout, en démarrant le moteur raccordé à la batterie de service (laquelle est toujours rechargée au moyen de la pile à combustible). C'est la victoire, le moteur tousse puis ronronne calmement. Il est donc décidé de parcourir ainsi la distance qu'il nous manque sur notre stratégie initiale pour sortir de l'influence de la bulle.
De notre dernière expérience de nuit au moteur, nous avons tiré la conclusion que deux équipiers de quart sur le pont n'étaient pas vraiment nécessaires. Ces "quarts de moteur" ont donc été allégés, et le repos de chacun s'est allongé d'1h30. Ce repos a également gagné en qualité, le ronronnement du moteur étant plus régulier que le claquement des voiles (et plus fort que celui de certains membres de l'équipage). Devant tant de bonnes nouvelles, nous nous sommes octroyés une soirée "normale". Après la désormais traditionnelle soupe du soir dans le carré, nous avons entamé une partie de belote endiablée qui a vu les deux Patrick perdre les deux manches sur des scores, disons honorables.
Durant la nuit, le vent est un petit peu revenu, ce qui a permis de renvoyer temporairement la voile d'avant pendant 2h30, et de faire une petite économie de fuel. Vers 9h, la mer a recommencé à former des rides. Le retour du vent s'est confirmé et nous avons envoyé le spi vers 11h30. Il était alors temps de couper le moteur. Et après avoir eu tant de mal à le démarrer, c'est l'arrêt qui a posé problème. Le bouton stop est resté totalement inopérant. Nouveau démontage du capot et inspection sous toutes les coutures. Etienne a finalement trouvé la solution en l'étouffant manuellement. Après une toilette intégrale au sceau d'eau sur le pont pour certains, le déjeuner, pâtes au saumon dégustées dans le cockpit sous un petit soleil voilé, a été comme à l'accoutumée, délicieux. Deux nouveaux cuisiniers, Pascal et Gilles ont officié au fourneau, mais il a fallu qu'Etienne écourte son quart de barre pour venir donner le coup de patte magique nécessaire à la réussite de cette recette
. Toute la journée, nous avons marché sous spi avec un vent d'est-nord-est de 8 noeuds, et une moyenne de 7 noeuds. C'est bien, mais pas top... L'équipage commence à imaginer passer Noël à bord, et quels cadeaux s'offrir: un seau pour Etienne par exemple...
A la nuit tombante, nous avons atteint les vents prévus à 15 noeuds par le fichier GRIB (Garanti Rigoureusement Interdit aux Béotiens). Nous avons alors préféré affaler le spi pour la nuit. En effet, la nuit est toujours aussi sombre, le vent très oscillant, et les vagues un peu de côté, le tout arrosé par quelques grains. Bref, ce n'est pas simple. La vitesse moyenne a tout de même un peu augmenté. Cela devrait nous permettre d'atteindre notre destination finale avant mars 2013.
Au petit matin, le vent a enfin pris les 50° qui nous ont permis d'arrondir la trace, pile poil au waypoint que nous nous étions fixés! Une nouvelle journée sous spi s'annonce sous le soleil après avoir essuyé quelques grains cette nuit.

Si nous réussissons à agrémenter chacune des journées qui passent avec des activités nouvelles soit voulues - comme la cuisine, la pêche ou des jeux de société - soit imposées - comme la gestion de problèmes divers - il demeure une certaine similitude entre nos journées de navigation. Et les éléments extérieurs à notre ilôt au milieu de ce désert d'eau salée sont très rares. Notre attention, tournée vers le large, ne trouve que peu de distraction. Parmi celles-ci, la présence d'un oiseau nous interpelle. C'est un petit oiseau majoritairement noir avec un peu de blanc sur la queue, taillé entre l'épervier et la sterne, qui virevolte à grande vitesse entre les vagues. Il apparaît et disparaît sans logique aucune et alors que nous sommes, au bas mot, à 600 milles de la première terre, nous nous demandons quel est cet oiseau et comment peut-il vivre si loin de tout perchoir ou abri.
Un autre évènement pourrait être le croisement de bateau. Super tanker, porte-container, goëlette... pouvoir croiser tous bateaux de marchandise ou voiliers serait pour nous une excellente distraction mais ces occasions sont tellement rares. Cela fait même 3 jours que, au-delà de l'apparition d'un AIS sur notre ordinateur de bord, à plus de 10 milles de notre position ce qui rend les navires impossibles à apercevoir, nous ne croisons personne. Nous espérons qu'en se retrouvant au milieu des alizés nous aurons plus de chance, et nous pourrons comme de nombreux équpages avant nous, pouvoir crier : "navire à tribord!" et ainsi suivre sa route, son allure, sa destination... Si les navires de la course de l'ARC sont à notre avis bien devant nous, ceux de la Transat Classique qui devaient partir de Cascai le 5 décembre ne devraient pas être très loins. Nous rêvons tous de pouvoir croiser la route ou même rattraper un voilier. Cela ferait inévitablement ressurgir les instincts de ré
gatiers qui sommeillent en nous!

jeudi 13 décembre 2012

Chaud, chaud!

Le vent a molli cette nuit et tenir la barre à la recherche du bon angle demandait beaucoup de concentration. Il faut dire que même sans grande activité physique, l'équipage est fatigué.

Le point de vue du kiné:
Nous sommes soumis à trois composantes de mouvements à savoir le roulis, le tanguage et le lacet. Même en position assise et a fortiori debout, l'ajustement postural permanent permet de travailler les muscles profonds du rachis et des membres inférieurs. C'est un petit peu le principe du PowerPlate mais 15 heures par jour!
Ajoutez à ça la stimulation vestibulaire permanente et la recherche d'un point fixe pour stabiliser l'oeil et vous comprendrez que nous sommes sollicités de la tête aux pieds!

Au petit matin, récompense pour tout l'équipage : une mer belle, un vent un peu faible certes, mais un soleil radieux et un air de plus en plus chaud. Tout le monde espère pouvoir ranger la salopette et la veste de quart définitivement.
Petit événement géographique : nous sommes partis de Diélette à la latitude 49°28 et longitude 2°04, et à 11 heures ce matin nous avons atteint une latitude et une longitude identique au 27°46,954.
La préparation du repas de midi a occupé les membres mâles de l'équipage, Amélie étant de quart, à la barre sous spi. Eplucher les concombres, les carottes, les avocats, les oignons, faire la vinaigrette, rajouter du maïs et du thon en boîte (toujours pas de pêche miraculeuse ce matin...) et déguster avec un petit rosé frais pour les amateurs. Un vrai régal pour tous sous ce chaud soleil.
Après le déjeuner, Etienne tente de démêler le fil de pêche qui a des noeuds non répertoriés dans notre manuel de bord! Pour ce qui est du bilan pêche, toujours rien malgré un usage intensif de la traîne de compétition que nous a donné Jean-Marie à Funchal. Question météo le temps est en train de changer. Depuis ce matin, il fait chaud et le mode vestimentaire s'est radicalement modifié: nous sommes passés au bermuda et tee-shirt voire même top less pour certain.

En matière de navigation, tous les jours à 12 heures UTC nous regardons la distance que nous avons parcourue: hier nous avions fait 236 milles nautiques ce qui constitue notre record journalier. Il ne sera pas battu aujourd'hui, à moins d'une nuit extraordinaire et inattendue. En effet, encore une fois nous ne sommes pas allés assez vite pour rentrer définitivement dans les vents forts. Nous sommes toujours à la lisière et l'anticyclone va certainement nous avaler cette nuit. Nous avons donc décidé d'avancer aujourd'hui du mieux possible dans les petits airs, quitte à passer la bulle au moteur et en profiter pour se repositionner pour attrapper les vents quand ils deviendront meilleurs... C'est un peu un choix par défaut, mais on essaie de se rassurer en se disant que cela présente l'avantage de nous faire rester sur une route assez directe...

mercredi 12 décembre 2012

12122012: pour nous aussi ça roule!

Les journées se suivent et, pour l'instant, ne se ressemblent pas trop. nous avons passé la journée d'hier à plus de 10 noeuds de moyenne, avec une mer formée permettant de surfer. Le record est détenu par Etienne qui a atteint 15,8 noeuds, améliorant ainsi le précédent score d'Amélie à 15,2 noeuds. Nous avons préféré affaler le spi pour la nuit, et prendre un ris dans la grand voile, en prévision du vent forcissant. Dans cette configuration, le pilote a tout de même enregistré une performance à 15,3 noeuds! Dans une superbe nuit étoilée, nous avons pu compter 11 étoiles filantes sur un quart de 3 heures!
Le soleil commence à bien nous dorer les joues. Pour l'instant, ce ne sont que les joues car, si les températures sont bien plus douces, l'allure impose encore le port du ciré.
Changement de régime, changement d'occupations. Comme nous ne pouvons plus prendre de l'eau directement dans la mer avec le seau sous peine de partir avec, nous avons fait revivre les jeux d'Intervilles afin de récupérer de l'eau pour la vaisselle. Deux équipiers étaient munis chacun d'un seau, un rouge et un bleu, et devaient récupérer l'eau des vagues éclatant sur le pont. Ils n'étaient certes pas équipés d'un costume de sumo, mais l'instabilité du pont pimente bien le jeu aussi. Si l'émission devait réapparaître, Pascal présente des compétences d'animateur tout à fait adéquates (à bon entendeur!). Malheureusement, nous devons déplorer la perte du seau rouge qui n'a pas survécu à une petite auloffée... ce n'est pas grave, on va trouver un jeu à base de vachette pour la prochaine fois!
Après analyse des fichiers météo plus larges, nous avons décidé de prendre un cap au sud-ouest, afin d'aller chercher les vents portants qui ont l'air bien établis, et d'éviter un retour vers le sud-est de l'anticyclone d'ici demain fin d'après-midi.

Dossier du jour, les transferts de flux :
- Alimentation PC Portable ==> nous produisons via la batterie du 12 volts (la batterie est alimentée en permanence par la pile à combustible au méthanol), ensuite celui-ci est transformé en 220 volts via un adaptateur qui renvoie du 19 volts pour tenir en charge le PC portable.
- L'eau : à Madère, il n'y avait que des bidons de 5 litres, pas évident à boire au goulot ! ==> le bidon de 5 litres est donc vidé dans un récipient de 4,7 litres acquis à Funchal (un volontaire boit le reste). Celui-ci est muni d'un petit robinet qui permet de remplir des bouteilles d'1,5 litres.
- La bonne humeur : c'est le plus simple, il suffit de mettre les équipiers sur le pont, et le transfert est automatique.

Question traîne, une nouvelle tentative a été faite, cette fois-ci en mettant à l'eau nos deux matériels. Cela permet, au dire des manuels, de pêcher à des profondeurs et à des distances différentes du bateau ("un système de piège imparable" dixit Etienne). Les traînes lancées, nous nous voyions déjà déguster l'espadon sous toutes les formes : sashimi d'espadon, darne d'espadon grillé, filet d'espadon pané, espadon en matelotte... bref, plein de recettes toutes plus alléchantes les unes que les autres. Mais en remontant les traînes hier soir, tous ces beaux rêves gustatifs se sont envolés : nous avons encore fait chou blanc. Il faut dire qu'à 15 noeuds... on n'est pas aidé!

mardi 11 décembre 2012

Option de nav' payante?

Nous vous avions laissé à la préparation des oeufs mimosas: et bien c'était délicieux! Nous avons finalement eu plus de vent que prévu (on ne va pas s'en plaindre), et du soleil. L'équipage a donc passé plus de temps sur le pont avec diverses activités: sieste ou lecture sur les coussins sortis pour un séchage au soleil ou révision des noeuds grâce à un petit livre mémento apporté par Pascal. D'ailleurs, interro surprise dans les prochains jours! En plus de l'incontournable noeud chaise, voir: le noeud de licol (pour amarrer son cheval au saloon), le noeud de drisse de bonnette (pour soulever des trucs, genre une échelle par un barreau), le noeud d'anguille (pour tracter des trucs, ou bien attacher les cordes de son ukulélé), et le noeud de sonneur (très pratique pour faire tenir les bouts lovés afin qu'ils ne traînent pas partout). Avec beaucoup d'appréhension, Gilles s'est décidé à sortir la guitare de son étui. A-t-elle survécu à la Bretagne Nord?... Oui! Les cordes sont u
n peu oxydées, mais a priori ça sonne bien!
En fin de journée, alors que la nuit tombe plus tardivement, mais encore trop tôt tout de même (19h), le pont se vide car l'air devient plus frais et humide. La traîne K3000 est remontée une fois de plus sans résultat.
Chacun entame la gestion de ses quarts de nuit.
La nuit s'est déroulée comme prévu : du vent modéré jusqu'à 3 heures du matin puis une période de molle. Contrairement à ce qu'on pourrait le croire, ces périodes de molles ne sont pas du tout favorables au sommeil des équipiers de repos. Le bateau roule, les voiles claquent, et les réglages incessants font un barouf d'enfer. Au moins, cela tient éveillés les équipiers de quart, mais qui n'ont qu'une envie: rapidement passer cette galère au suivant!
C'est vers 7 heures, sous la barre d'Amélie que le vent revient doucement et nous a permis d'arriver dans une zone plus garnie avec des vents de nord - nord est. Le fichier météo de Monsieur GRIB (Grosse Rigolade à l'Intérieur du Bateau!) a pour une fois tenu ses promesses! Notre stratégie devrait donc porter ses fruits pour les prochains jours.
Le spi est envoyé vers 9h30, et enfin nous avançons à ce qui doit être notre vitesse minimale: 8-10 noeuds.
En début d'après-midi, nous prévoyons de charger un fichier météo plus large, afin de faire un atelier routage et décider d'une route plus au sud ou non.

lundi 10 décembre 2012

Transatlantique : Part 2

C'est reparti. Le rythme de notre traversée reprend doucement avec les quarts qui se succèdent les uns aux autres. Après ces deux derniers jours intensifs, nous sommes contents de pouvoir à nouveau nous poser dans les banettes au milieu de la journée! Nous avons amélioré le déjeuner avec des produits frais, mais sommes restés fidèles à la traditionnelle soupe du dîner.
Les conditions du départ, comme prévu, ne sont pas idéales. Le vent se fait désirer et manque de stabilité. Un nouveau record vient d'etre battu : Etienne a, sur son quart de barre (1h30), procédé à 5 virements, ce qui doit correspondre, à peu près, au nombre de virements réalisés depuis le début de notre périple.
Le vent est complètement tombé au coucher du soleil, nous avons mis le moteur pour la nuit. Le fichier météo d'hier soir confirmait ce que nous avions vu: nous devrions avoir un peu plus de vent dans la matinée, puis nous risquons à nouveau de passer une nuit sans. Mais notre option devrait nous permettre de récupérer ensuite un vent soutenu (20 noeuds) de secteur nord-est pour enfin nous accompagner vers les Antilles. Nous attendons avec impatience le moment de télécharger une nouvelle météo, car ce qu'elle prévoit diffère pas mal de notre réalité. Depuis le début, nous avons des décalages sur l'orientation du vent, mais là, on a également atteint un autre record...
Les quarts se sont donc succédés, dans une nuit noire, avec le ronronnement du moteur, peu propice aux discussions entre équipiers pour refaire le monde. On cherche donc à s'occuper différemment. Pascal s'est quant à lui employé à se réchauffer en dansant au rythme de la musique dans ses oreilles. Ce serait marrant d'être tous les six de quarts la nuit, on verrait peut-être du hip hop d'un côté, de la valse de l'autre...
Dans le registre hygiène et beauté, malgré l'ambiance bonhommes de neige lumineux et bonnets rouge à pompon de Funchal, il est apparu nécessaire aux équipiers d'éviter de ressembler au Père Noël : quelques ajustements sur des barbes qui commençaient à être très prépondérantes ont donc été opérés. Amélie ne comprend pas pourquoi il n'était pas plus simple de tout couper, les explications sont restées peu convaincantes...

Point avitaillement : outre le réapprovisionnement en eau, l'étape madérienne nous a permis de recharger du "frais" et quelques autres mets qui agrémenteront notre quotidien. Le rayon légumes n'étant pas particulièrement beau, nous nous sommes contentés du strict nécessaire : carottes, concombres... bref, du facile à préparer et qui se conserve plutôt bien. Le rayon fruits était plus attractif : ananas, clémentines, pommes, bananes... et même des fruits locaux comme l'annuka, sorte de pomme à la peau écaillée et dont la chair blanchâtre a séduit Gilles, qui a fait office de goûteur.
Au-delà de ces produits frais, la liste de course préparée à l'avance n'a pas pu être complètement suivie, principalement du fait de la confrontation entre nos coutumes alimentaires françaises et celles portugaises et sûrement locales. Le coté insulaire n'arrangeant rien à tout cela. Mais loin de nous en plaindre, nous avons au contraire enrichi notre liste initiale de produits locaux comme les pulpicos à l'huile ou encore des fromages de vache (locale?!), de chèvre ou de brebis en tout genre.

Le vent est revenu ce matin vers 9 heures, nous avons coupé le moteur et sommes repartis, enfin seulement portés par des vents plutôt faibles de 9 à 10 noeuds.
Le moral est bon malgré notre piètre moyenne. Ce matin, au petit déjeuner, Patrick D. nous a fait des oeufs brouillés au fromage et l'ambiance est de suite montée d'un cran. Le soleil est au rendez-vous et nous nous laissons tranquillement bercer par le bruit de la mer caressant notre coque.
L'air reste cependant assez frais et la polaire reste de mise.Dans le cockpit, Etienne prépare une petite mayonnaise maison, histoire de déguster des oeufs mimosas pour le déjeuner.

dimanche 9 décembre 2012

Escale brève et intense à Madère

A l'approche du port, où le Queen Mary 2 est également en escale, la capitainerie, que nous devions recontacter, reste cependant injoignable. C'est seulement en arrivant à l'entrée de la marina que l'employé nous annonce qu'il est en panne de batterie VHF... Pas de problème, nous sommes guidés à la voix depuis la jetée jusqu'à notre place dans cette toute petite mais sympathique marina.
A peine arrivés, c'est le branle-bas de combat! Les rôles ayant été définis et attribués en avance, chacun sait ce qu'il doit faire. Les Patrick sont en charge du poste laverie et aménagement à bord. Etienne et Gilles doivent trouver le supermarché pour finaliser l'avitaillement, et Amélie et Pascal trouver un cyber café pour envoyer des vidéos.
Les cyber café étant introuvables, Amélie et Pascal sont venus prêter mains fortes à Etienne et Gilles, qui ont apprécié cette aide pour convoyer les 4 chariots et trouver un taxi suffisamment grand. Les Patrick ont fait choux blanc pour la laverie et sont donc venus en renfort porter les 150 litres d'eau jusqu'au bateau.
Après avoir couru toute cette fin de journée, une bonne douche était nécessaire et au combien agréable (quoique froide chez les femmes...). On redécouvre les plaisirs simples, comme porter du coton au lieu des première couches techniques en synthétique.
Funchal est une ville charmante et pleine de contrastes: construite sur un flanc de montagne et donnant sur la mer, des décorations de Noël partout alors que la température est de 23°, et la nuit c'est un festival de lumières et d'illuminations. Après une courte balade, nous avons trouvé un restaurant. Au menu: poulpe, morue, espadon grillé, saucisse noire locale, avec vins rouge et blanc portugais.
La lecture de tous vos commentaires postés ces 10 derniers jours nous a tenue de l'apéro au dessert! Un immense merci à tous pour vos petits mots emprunts d'humour et de gentillesse, qui nous ont fait très très chaud au coeur et nous encouragent pour la 2ème partie de la transat. Vivement les Antilles que nous puissions vous lire à nouveau! A posteriori, vos appréciations sur notre navigation nous confortent dans nos choix. Nous ne manquerons pas de vous communiquer nos performances de vitesse: jusqu'à présent le record est à 15,2 noeuds, mais tout le monde se l'attribue! Pierre-Yves, sois rassuré, ta photo est toujours en place.
Les ambiances de port sont toujours très sympas. Cette fois, nous avons rencontré Jean-Marie, 70 ans, qui navigue sur sa Marie-Jeanne entre les Canaries et Madère, en attente d'équipiers pour traverser également. Ancien Terre-Neuvas, capitaine de pêche puis prof de pêche, il nous a préparé une traîne 3000 avec laquelle nous espérons effacer le zéro pointé de nos précédentes tentatives de pêche... Bon, Etienne s'est tout de même résolu à acheter des boîtes de thon et de sardines au cas où...
Nous sommes partis à 11 heures, avec un peu de retard sur le planning. Après tentative à la voile, nous avons finalement relancé le moteur pour nous extraire de la pétole sur Madère. A priori, la situation météo n'est pas très claire pour les deux prochains jours. Nous pensions dans un premier temps partir au sud pour rejoindre les alizés, mais ils n'ont pas l'air d'être très présents. Malgré une bulle qui semble se former à l'ouest, nous partons au 260°, quitte à la passer au moteur pour toucher des vents forts derrière qui nous permettront de descendre rapidement. Ceux-là, contrairement à la dernière fois, on ne veut pas les louper!

L'équipage à Funchal

Nous voici devant le fameux mur où les équipages de passage ont laissé leur trace! Ayant prévu de nous arrêter aux Canaries, nous n'avons malheureusement pas de peinture en stock mais cette photo compensera pour nos propres mémoires.

samedi 8 décembre 2012

Arrivée à Madere : bref aperçu...

Terre! Terre!

Hier, après le repas de midi pris à 14h30 UTC (soupe de poisson et Krispolls / serrano) la majeure partie de l'équipage s'est octroyée une petite sieste, histoire de récupérer physiquement de la nuit un peu éprouvante.
Après les activités de bord quotidienne (vaisselle et rangement) nous nous sommes préparés à notre neuvième nuit en mer.
Le bateau, sous grand voile sans réduction et avec un vent de 15 noeuds, avance à 8 noeuds: encore 120 milles avant Madère.
Vers 17h, nous avons eu la visite d'une dizaine de dauphins qui ont joué autour du bateau avant de disparaître: superbe spectacle dont on ne se lasse pas.
Comme le sommeil à bord est entrecoupé par les quarts, et que personne n'a de nuit de 8h, la récupération se fait par petits bouts d'une heure à n'importe quelle heure de la journée. Il n'est donc pas rare de voir un ou deux équipiers allongés sur les bannettes, un livre tombé sur la poitrine.
La nuit a été calme, bien sombre (la lune est petite, tarde à se lever, et est cachée par les nuages), mais étoilée. De nouveau l'arrière du bateau scintille du plancton fluorescent. Ce n'est pas spécialement agréable de barrer dans ces conditions: on ne perçoit pas du tout l'eau autour et on ne voit pas les voiles. On en est réduit à suivre les chiffres numériques du compas, et à taper dans les vaguelettes scélérates.
Au petit matin, comme prévu, plus de vent. Nous avons donc décidé de mettre en marche le moteur (oui, la manip a fonctionné!!) pour faire les derniers 60 milles avant le port de Funchal, afin d'y arriver vers 16 heures pour avoir le temps de faire les courses, car demain c'est dimanche. De plus, nous avons découvert que le samedi 8 décembre est férié au Portugal, c'est la fête de l'Immaculée Conception! Aïe!!
Heureusement, nos smartphones captent à nouveau - sauvés! - et nous avons pu contacter la capitainerie: il y a de la place au port et les magasins d'alimentation sont quand même ouverts aujourd'hui.
Du coup, branle-bas de combat à bord: "TO DO LISTE" et répartition des tâches pour optimiser l'escale. Et, alors que le bateau au moteur et sous pilote s'autogère, nous préparons tout dans cette perspective. L'objectif est de repartir demain matin après 9 heures (heure d'ouverture de la pompe à carburant).
Bien sûr, la principale motivation pour faire tout ça est la douche et le très bon repas dont nous ne manquerons pas de profiter ce soir!

vendredi 7 décembre 2012

24 heures de force 7 au près

Changement d'ambiance: la station verticale est de nouveau difficile, tous nos déplacements se font au ralenti, les équipiers sont plutôt calés dans leur banette et ont remis les bottes sur le pont...
Nous avons pris 3 ris dans la grand voile pour passer la nuit de façon moins agitées (toute proportion gardée...)
Il fait nuit et le bateau tape beaucoup.Le reste de la soirée risque d'être secouée.
L'équipage s'est installé en mode "Roscoff" c'est à dire économie de paroles, de gestes, de nourriture.Les cirés redeviennent humides, le lever pour le quart de nuit prend plus de temps.On entend parfois un juron quand l'un de nous trébuche en mettant ses bottes.
Au petit jour, le vent mollit de 30 à 20 noeuds et il va falloir renvoyer de la grand voile.
Ouf, le front est passé et nous faisons route directe vers Madère au près dans une mer moins agitée. La vie à bord devient plus supportable, et le moral est au beau fixe. D'ailleurs ce matin, une séance de découpage de jambon Serrano s'est préparée pour l'apéro.
Nous pensons arriver à Madère demain midi, mais rien n'est jamais sûr en navigation. L'inventaire des victuailles a été réalisé ce matin pour finaliser la liste des courses pour la traversée vers les Antilles

jeudi 6 décembre 2012

Cap vers Madère

Pétole, pétole! Hier matin, avec 3 noeuds de vent, pendant qu'une partie de l'équipage s'escrime avec le cap, d'autres utilisent la technique d'Etienne pour se faire une (relative) beautée: prendre deux seaux d'eau de mer, se tremper la tête dans l'un, laver les cheveux et rincer dans le deuxième seau. La technique nécessite un peu de courage car l'eau de mer est froide et pique mais le résultat est à la hauteur des espérances. Le cheveu redevient brillant et facile à coiffer: parce que nous le valons bien!
Poursuite de la course au vent avec le binôme sur le pont, pendant que l'autre partie de l'équipage vérifie la charge de la batterie moteur et la tension du mini ordinateur restant.
Sur le pont, musique d'Ennio Morricone...
Après le traditionnel saucisson-apéro, le chef nous concocte une soupe chinoise aux pâtes tortellini, agrémentée du reste de canard. Un délice! Le verdict du gourmet du bord: "avec un touche de citronelle, cela aurait été parfait!"
Après-midi à la recherche du vent que nous avons enfin retrouver vers 15h (certes faible, mais établi), en espérant qu'il nous accompagne au cours de la nuit. Le bonus de la journée, nous avons reçu la compagnie d'un petit dauphin qui est venu jouer avec l'étrave du bateau.
L'anticyclone a décidé de nous barrer la route des Canaries, nous avons donc choisi de mettre le cap vers Madère. Le vent est au rendez-vous, par contre nous sommes au près (situation beaucoup moins confortable...), la bonne nouvelle : on a du vent et on avance, la mauvaise : il va falloir tirer des bords.

En ce 6 décembre, nous souhaitons une joyeuse Saint Nicolas à tous, ainsi qu'une bonne fête aux mamans Nicole.

mercredi 5 décembre 2012

Mutinerie au large de Gibraltar?

Mardi, deuxième très belle journée, avec la température qui remonte peu à peu (mais toujours pas assez au goût de Gilles, qui garde obstinément le ciré intégral!). On a enfin rangé les bottes (sauf Gilles bien sûr), nos pieds en sont ravis!!!! Nous avions bien avancé, et nous pensions réussir à nous faufiler entre les hautes pressions.

Malgré ce contexte optimiste, une gronde s'est faite entendre.

Note "quarts":
Pascal a dégainé ses algorithmes pour organiser les quarts de manière à ce que tout le monde navigue avec tout le monde. Personne n'a vraiment compris la méthode de calcul, mais tout le monde commence à avoir l'expérience du planning... Pour Amélie, ça va à peu près: 3h de quarts puis 6h de repos et rebelote. Les quarts n'ont pas toujours lieu à la même heure, mais le rythme est régulier, ça passe bien. Ensuite, les quarts des gars s'organisent autour de ceux fixes d'Amélie (c'est bon pour son ego). Il s'agit également de quarts de 3h, mais les périodes de repos sont plus ou moins longues selon la rotation d'équipiers déterminée par le fameux algorithme pascalien. Et quand un coéquipier se retrouve avec deux quarts de nuit espacés de seulement 3h et rebelote à peu près pareil la nuit suivante... la pilule a un peu de mal à passer... Mais "c'est comme ça et puis c'est tout" dixit Pascal.

Cependant, la nuit s'annonçait calme - ce qui nous a permis de ne pas dormir à l'horizontale sur les paroies habituellement verticales - et effectivement, les équipiers de quarts se sont échinés jusqu'au lever du jour pour tenter de gonfler les voiles. Dans le livre de bord figure le commentaire suivant à 4h30: "Pénible!" et celui-ci à 6h: "Très pénible!". Serions-nous finalement dans la bulle?...

Vous vous demandez peut-être: "mais pourquoi ne s'extraient-ils pas de la zone molle avec le moteur?". Et bien figurez-vous que le moteur ne démarre plus depuis que nous l'avons arrêté après Ouessant... Après examen sous toutes les coutures et échanges de mails avec Marc, nous sommes seulement en train de trouver une solution au problème. C'est la batterie du moteur qui s'est vidée sans que le moteur ne la recharge, il n'y a donc plus de contact. Nous sommes en train de la recharger au moyen de la pile à combustible. Croisons les doigts!

mardi 4 décembre 2012

Entre Lisboa et le Cabo San Vincente du bassin du tage à la plaine abyssale du fer à cheval.....

Chaud, chaud... nous avons pris l'habitude de prendre le fichier météo à 13h. Celui de lundi nous a montré que la bulle de l'anticyclone positionné sur Madère se décalait plus que souhaité vers les côtes du Portugal. Nous avons donc mis les bouchées doubles pour essayer de passer avant que cette bulle ne s'étende et nous barre la route... Rétrospectivement, on regrette de ne pas avoir un peu plus serré vers le Cabo Finisterre lorsque nous en avions la possibilité dans le Golf de Gascogne. A ce moment, notre préoccupation était de gagner suffisamment dans l'ouest pour ne pas laisser s'échapper les vents forts à la limite desquels nous nous trouvions. Nous ne sommes pas en course, mais nous n'avons que jusqu'au 22 décembre pour faire cette traversée! Et nous avons déjà utilisé quelques jours "joker" en Bretagne...

Note "météo":
Nous sommes équipé d'un téléphone satellite et d'un PC portable avec le logiciel Maxsea. Par le biais du logiciel, nous sélectionnons la zone pour laquelle nous souhaitons recevoir les fichiers météo "GRIB". On envoie la requête par mail et recevons le fichier en retour. On affiche alors les données dans le logiciel et l'on voit les vents représentés directement sur la carte sous forme de flèches ("barbules"), de couleur bleu à rouge, qui indiquent la direction et la force prévue. Nous prenons des prévisions jusqu'à 60h et décidons de notre route. Nous pouvons également comparer en temps réel si les prévisions correspondent à notre réalité.

Une journée sous les nuages avec une mer belle et une houle légèrement formée. Par contre avec un bateau moins stable qu'hier, car avec des vents de travers, ça penche!!!! Et dans ce cas la mobilité à l'intérieur du voilier est moins stable, et surtout dans les banettes...

Nous décidons de passer une deuxième nuit avec le spi, la nuit sera donc encore difficile en terme de réglages, et de concentration.

Nuit superbe, avec un ciel étoilé, et un vent qui nous permet de faire de la route. Première apparition du plancton fluorescent à l'arrière du bateau.

Petit déjeuner devant le soleil levant du sud du Portugal : un bonheur de recueillir ces rayons de soleil frais devant l'étendue infinie de l'océan.
Avis aux papilles amatrices, pour vous mettre en phase avec les marins au long court que nous sommes, voici une délicieuse compositon : tartinez quelques Krisprolls avec de la Vache qui Rit et ajoutez dessus quelques fines lamelles (ou chiffonade) de jambon Serrano découpées avec délicatesse la veille : un régal! Accompagnez ces gouteuses bouchées d'un Cafè con leche préparé à l'espagnole, bien sûr!

Nous continuons notre route en filant bon train vers les Canaries : nous marchons actuellement entre 10 et 12 noeuds, quittant le Bassin du Tage - 5056 mètres de profondeur - pour attaquer la Plaine Abyssale du Fer à Cheval (4682 m) en laissant les pics d'Ormonde et de Gettysburg qui culminent à 27 et 20 mètres de fond [c'était le paragraphe wiki].

lundi 3 décembre 2012

Le long du Portugal

Petite vitesse dimanche, mais enfin du soleil et une mer à peu près plate! Notre périple prend un air de vacances que nous ne connaissions pas. L'air se réchauffe (au soleil), l'humidité diminue et la bonne humeur augmente! Pour dimanche, beaucoup d'entre nous avons fait la grande toilette, avec linge propre. Nous avons inauguré un déjeuner sur le pont. Au menu, suprême de volaille sauce bisque d'écrevisse.

Note "avitaillement":
Nous avons embarqué un certain nombre de plats préparés, conditionnés en barquette pour huit ou dix personnes. Mode d'emploi: ouvrir la barquette (en évitant d'en mettre partout), la vider dans la cocotte minute, laisser mijoter à feu doux pendant 1/2 heure, puis servir dans les gamelles. D'après les enquêtes de journalistes spécialisés en gastronomie, aujourd'hui, 7 restaurants sur 10 se contentent de réchauffer les plats servis aux clients; en définitive, nous sommes aussi bien lotis que dans la majorité des restaurants!

Après-midi: sieste sur le pont pendant que les équipiers de quarts s'escriment à maintenir un spi gonflé par vent de 6 noeuds. Une route de collision avec un tanker que nous avons de visu, nous occupe un moment: passe t'il devant, derrière, au milieu?... Finalement, nous abattons, grands princes, et acceptons de réduire notre vitesse de 4 à 2 noeuds pour le laisser passer.
A la nuit tombante: apéro planteur et musique avant d'attaquer la nuit sous spi à la même allure... faut-il rappeller que la technique du spi n'est pas évidente pour les néophytes, et surtout la nuit où nous n'y voyons rien...? Je dis bien rien, tant que la lune n'est pas levée.

Après une nuit épuisante à régler le spi dans un vent faible, et très irrégulier (ça y est, tout le monde est maintenant bien rôdé), nous continuons notre route vers le sud avec une allure de sénateur. L'anticyclone est très proche du Portugal, et ne nous laisse pas beaucoup de place pour passer. Il faut être patient et attendre des heures meilleures.

Bonne journée à tous!

dimanche 2 décembre 2012

Passage du "cabo Finisterre"

La nuit se termine et nous voici au matin du 1 er décembre. La mer est assez formée, houle de deux à trois mètres, le vent souffle à 25 noeuds au 350° et nous faisons route au portant au 220° à 9 noeuds toujours sous deux ris avec la trinquette. Les vagues nous prennent par le trois quart arrière et de ce fait à l'intérieur, ça bouge ! Mais le Stugéron, médicament contre le mal de mer que certains équipiers prennent assidument, fait son effet et personne n'est malade.
Grand moment de la journée, nous attaquons un jambon Serrano que Gilles nous découpe avec l'amour des bonnes choses, le plaisir du marin est aussi dans les nourritures terrestres ! En fin de journée nous sommes au niveau du Cap Finisterre, le Golfe de Gascogne est désormais derrière nous. Cette première étape est franchie mais il nous reste encore un bon bout de chemin avant les Canaries ou Madères en fonction de l'évolution de la météo ; quatre ou cinq jours ?
Au lever du soleil (magnifique), le vent reprend ndu secteur Nord Ouest, ce qui nous permet de descendre plus rapidement vers le sud, d'ailleurs, la température commence à remonter ce qui permet d'enlever 1 "couche de vêtement".
Nous avons envoyés le spi au petit matin sous une musique de Vivaldi (stabatmater) puisque l'on est dimanche matin !
Le petit déjeuner a réunit l'équipage devant des oeufs brouillés au fromage accompagnés de chiffonade de jambon Serrano.
Au cours de nos échanges matinaux, il est ressorti la citation suivante : "le réglage des voiles n'est pas optionnel" dixit Amélie
La traine a été relancée en espérant faire mieux que la dernière fois. Nous révons déjà d'espadon ou de bar et à défaut d'une morue Portugaise.

samedi 1 décembre 2012

Viva Espana

La vie à bord s'organise au gré des quarts, des repas et des temps de repos, ce qui fait que

l'équipage ne se retrouve au complet qu'à l'heure du déjeuner.
Pour rechercher la zone de vent située plus à l'ouest,nous avons fait tourner le moteur dans

la zone de "pétole" durant 5 heures et remis la trinquette vers une heure du matin,puis le

spinnaker vers 11 heures.
L'option à payée, car depuis nous avons 15 à 20 noeuds de vent constant qui nous fait

descendre vers le sud.....
Les cuistots de service ont mijoté une fricassée de volailles avec du riz, seul plat chaud

de la journée.
Les quarts de l'après midi ont été très occupé à tenir le spi, un à la barre et l'autre à

l'écoute, le tout dans une symbiose plus ou moins parfaite.
Nous avons atteint des vitesses de 11/13 noeuds au spi ,ce qui nous fait descendre sur le

cap Finisterre espagnol.
En prévision de la nuit, le spinnaker a été rangé, puis au début de l'obscurité, nous avons

pris deux ris dans la grand voile pour passer une nuit sans risque. Même avec la réduction

de voile, nous avons fait une moyenne de 8 à 9 noeuds toute la nuit.
Cela fait du bien au moral de tout l'équipage de descendre rapidement vers les Canaries.
Au petit matin, les yeux sont un peu cernés, mais un bon thé ou café chaud avec quelques

pains au lait vont redonner force et courage à tous.
La journée du 1er décembre se fera aussi avec du vent arrière de 20 noeuds qui va nous

permettre de continuer notre descente, la mer est assez formé, ce qui rend les conditions

de vie à bord délicate, mais tout le monde se trouve des talents d'équilibristes pour se

déplacer dans le bateau, pour s'habiller,se laver !!! et pour manger.
bon samedi à tous

vendredi 30 novembre 2012

Enfin l'Atlantique!

Comme prévu, nous avons mis le réveil pour partir avec la pleine mer de 5h. Nous avions décidé de partir par le chenal entre l'île de Batz et la côte. A notre réveil, il y avait encore de fortes rafales de vent, et la belle pleine lune était couverte par beaucoup de nuages. Nous avons donc décidé d'attendre le premier bulletin météo et le lever du jour pour nous engager à 7h dans le chenal. Le petit jeu de piste entre les cardinales nous a donné raison d'avoir attendu d'y voir plus clair...

Enfin, nous avons pu envoyer les voiles dans un vent médium et une mer peu agitée! La descente vers la pointe de Bretagne s'est effectuée assez rapidement avec un courant favorable et la compagnie des dauphins ou marsouins. Puis le vent est progressivement tombé alors que nous nous engagions dans le chenal du Four, comme les prévisions météo l'annonçaient. Nous avons donc avancé au moteur (et face au courant) afin de nous extraire de cette zone de navigation côtière avant la nuit.

L'ensemble de l'équipage est ravi d'avoir enfin pu vivre "normalement" à bord, avec même un peu de soleil! Premier déjeuner cuisiné en mer: un bon plat de tagliatelles au saumon. En revanche, nous avons eu beaucoup moins de succès avec la première mise à l'eau de la traîne...

A priori, c'est le (trop) calme avant la tempête. Nous allons probablement rester au moteur toute la nuit. Nous avons vu qu'ensuite une nouvelle dépression s'approchait avec de très forts vents, heureusement (!) orientés nord. Cela nous permettra de descendre rapidement vers le sud, probablement avec juste une toute petite voile devant...

La nuit est tombée avec quelques grains légers et nous avons croisé un cargo qui montait sur Rouen... Grâce au système AIS, qui nous donne les renseignements sur le navire, son tonnage et sa destination, nous prévenons les routes de collisions.

Cela va être notre première nuit complète en mer.